La cinémathèque de Corse

Stéphan Castang • Semaine de la Critique

article de Dominique Landron • Corse matin • 07 juin 2023


À la découverte d'un cinéaste singulier : Stéphan Castang

Après Cannes, Stéphan Castang a présenté son premier long-métrage « Vincent doit mourir » au public corse, dans le cadre de la reprise de la Semaine de la critique par la Cinémathèque de Corse, au Complexe Galaxy de Lecci. Une véritable révélation cinématographique

Stéphan Castang est un co­médien de théâtre bien connu, réalisateur remar­qué de cinq courts-métrages, il signe son premier long avec Vincent doit mourir, porté par une mise en scène et un montage remarquables.
Le duo d'interprètes Karim Leklou et Vimala Pons éclairent avec brio, une fable singulière entre drame et comédie distanciée sur la violence de notre socié­té, la sortie sur les écrans est pré­vue pour l'automne. Rencontre avec un réalisateur qui puise son imaginaire cinématographique au sein de la cinéphilie.

Votre générique d'ouverture fait référence au maître du genre Saül Bass ?
Heureux que vous l'ayez remar­qué. Ce générique graphique s'inscrit dans la création de Saül Bass pour Hitchcock dans La mort aux trousses, c'était pour moi une évidence car Vincent est graphiste. Je suis un fou d'opéra, l'ouverture donne le ton, je voulais la même chose pour le film, une annonce de ce qui allait se passer.

Votre film témoigne avec force de la violence de notre société.
Il témoigne surtout de la colère qui règne, cela tient souvent du miracle de ne pas se mettre sur la gueule, il y a un vrai besoin d'en découdre, de défendre son petit bout de territoire. Vincent, au sein de son milieu professionnel, doit faire face à une certaine in­différence, une volonté d'évacuer le problème par la hiérarchie, et non de le régler. J'évoque la place des réseaux sociaux au quotidien dans l'intime et dans le travail.
Je montre un outil social marqué par le « survivalisme », utilisé par un homme aux prises de la crise de la quarantaine. Ce person­nage est déplacé tout au long du récit dans son travail, mais aussi dans sa vie personnelle.

Votre film est marqué par l'iro­nie et l'absurde.
L’absurde permet d’évoquer des choses graves avec distance, sans tomber dans la comédie pure. L’ironie souligne le propos sans désamorcer l'histoire, elle donne le choix aux spectateurs pour la vision du récit.
Le bar est ouvert pour tous !

Les références cinéphiles sont nombreuses, Carpenter, Romero, il y a une tension comme dans Orange mécanique, sans oublier un clin d’œil à Tarantino pour la série B.
Les cinéastes que vous citez me conviennent tout à fait. Mon film se veut un hommage au cinéma de genres au pluriel : fantastique, horreur, zombies. Merci pour la référence Stanley Kubrick, mon maître. Tarantino, quant à lui, met en scène la violence dans une chorégraphie « fun », je suis à l'opposé de cela, il n'y a pas de glamour dans mon film, l'action est brute de décoffrage.

Votre duo d'interprètes Karim Leklou et Vimala Pons est exceptionnel.
Karim Leklou est à la fois puis­sant et maladroit, son visage s’exprime par un burlesque à la Buster Keaton. Vimala Pons est sombre et solaire, ils forment un couple de cinéma vraiment particulier et original quant à leur relation. Quel bonheur de tourner avec eux !

Stéphan Castang prend plus de plaisir au théâtre ou au cinéma?
Ce n'est pas du tout la même chose. Au théâtre, je suis comé­dien, je ne peux pas influer sur le texte, il faut lui rester fidèle en permanence. Sur scène, le montage n'existe pas. Au cinéma, je mets en scène, le montage a toute son importance, c'est une véritable écriture qui a une influence essentielle par le rythme, la narration, l’utilisation de l’ellipse.

Votre venue en Corse est une première ?
Oui, j'en suis ravi mais cette escale insulaire est trop courte, je dois être à Marseille pour la reprise de la Semaine dans la cité phocéenne.
Le film, désormais, m'échappe en partie, cette rencontre avec la Corse me donne le trac comme à Cannes, mais aussi quelle excitation de voir une salle pleine et découvrir les réactions du public. Pouvoir échanger avec celui-ci pour comprendre son ressenti et dissiper tout possible malentendu.
DOMINIQUE LANDRON

           

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