Journal de la Corse • Valécien Bonnot-Gallucci
Photo : Valécien Bonnot-Gallucci
La restauration du documentaire l'Île de lumière par la Cinémathèque de Corse
Dans la continuité du travail mené par l’Association la Corse et le Cinéma et de son président Jean Pierre Mattei, la Cinémathèque de Corse a entrepris en 2023 la restauration du documentaire Ile de lumière.
D'une durée de 31 minutes, le film a été réalisé par le journaliste Georges Drouet et coproduit par Marcel Pagnol et Joseph Martinetti. Avec l’aide de la Direction du Patrimoine du CNC et de l’ayant droit du film Nicolas Pagnol, les éléments nitrates ont été livrés au laboratoire Hiventy-TransPerfect pour restauration. Le choix de ce documentaire répond aux objectifs d'une Cinémathèque régionale, en termes de préservation du patrimoine cinématographique. L’Île de Lumière revêt en effet un intérêt tant insulaire qu’international : un portrait de la Corse d'après-guerre y est montré, sa société, ses imaginaires, ses arts musicaux, dans un film coproduit par Marcel Pagnol dont l’oeuvre a fait l’objet de restaurations antérieures, à l'exemple de la trilogie marseillaise (Marius, Fanny, César). Le double aspect insulaire et international du documentaire a motivé sa restauration et orienté sa diffusion au grand public. Le documentaire de cinéma est un objet moins prisé que les films de fiction dans les politiques de restauration patrimoniale.
Néanmoins la sensation d'authenticité qu'il peut produire, ses possibles résonnances avec la mémoire d’une société qui se voit
décrite et filmée ont fortement contribué aux choix de cette restauration. Le scénario de ce film — porte un double regard, ethnographique et romancé, sur les traditions insulaires accompagnées de quelques allusions à un travail scientifique, par des plans tournés dans les anciennes Archives départementales d’Ajaccio. Il s'agit en effet d'un documentaire promotionnel sur une Corse qui se modernise en matière agricole, minière, ferroviaire, avec la mise en oeuvre de son programme d’Action Régionale. Le documentaire présente en cela des images rares de l’activité industrielle insulaire du début des années 1950, notamment une séquence tournée dans les carrières de l’usine de Canari, principale extraction d'amiante en France et en Europe. Les images montrent les ouvriers en action, ennuagés de poussières d’amiante. Fermée en 1965 en raison de risques environnementaux, l’usine est de source de problématiques sanitaires révélées par des études menées sur les maladies causées par l’exposition à l’amiante comme l'asbestose. Bien que ces images soient de nature proindustrielle, elles apparaissent aujourd'hui, à l’inverse, comme des « pièces à convictions » des conditions de travail à l'Usine, dont les vestiges seront démolis en octobre 2025.
Le documentaire Île de Lumière propose à certains égards, un portrait d'un territoire, d'une société, et s'est présenté à la Cinémathèque de Corse comme une « carte mémoire » de l’histoire de l'ile. L'écriture historique d’un film peut appeler les chercheurs à récolter des témoignages, des souvenirs et des récits intimes. Dans le cadre de cette restauration Paulette Baretti-Rosselli, Nicolas Pagnol, Fabienne Drouet, Claude Tomasi et Yves Agostini ont participé à cet exercice. Leurs mémoires ont été retranscrites sous forme d'’entretiens et publiées dans une monographie. Paulette Baretti-Rosselli a été l'épouse de Francis Baretti, l'assistant réalisateur de Georges Drouet pour le tournage. Son témoignage a permis d’obtenir les traces du premier séjour en Corse de Marcel Pagnol, en 1962, onze ans après le tournage qu'il suivit à distance, par l’intermédiaire de son beau-frère et coproducteur Joseph Martinetti. D'après ses souvenirs, la Corse a marqué Pagnol pour sa richesse en eau, « cet or des montagnes » ; un sujet qui traverse ses préoccupations puisque en 1962 et 1963 il publie les deux tomes de L'Eau des collines (Jean de Florette et Manon des sources), au travers desquels il traite des problématiques de sècheresse en Provence et de manière plus globale dans le sud de la France.
Dans la continuité du travail mené par l’Association la Corse et le Cinéma et de son président Jean Pierre Mattei, la Cinémathèque de Corse a entrepris en 2023 la restauration du documentaire Ile de lumière.
D'une durée de 31 minutes, le film a été réalisé par le journaliste Georges Drouet et coproduit par Marcel Pagnol et Joseph Martinetti. Avec l’aide de la Direction du Patrimoine du CNC et de l’ayant droit du film Nicolas Pagnol, les éléments nitrates ont été livrés au laboratoire Hiventy-TransPerfect pour restauration. Le choix de ce documentaire répond aux objectifs d'une Cinémathèque régionale, en termes de préservation du patrimoine cinématographique. L’Île de Lumière revêt en effet un intérêt tant insulaire qu’international : un portrait de la Corse d'après-guerre y est montré, sa société, ses imaginaires, ses arts musicaux, dans un film coproduit par Marcel Pagnol dont l’oeuvre a fait l’objet de restaurations antérieures, à l'exemple de la trilogie marseillaise (Marius, Fanny, César). Le double aspect insulaire et international du documentaire a motivé sa restauration et orienté sa diffusion au grand public. Le documentaire de cinéma est un objet moins prisé que les films de fiction dans les politiques de restauration patrimoniale.
Néanmoins la sensation d'authenticité qu'il peut produire, ses possibles résonnances avec la mémoire d’une société qui se voit
décrite et filmée ont fortement contribué aux choix de cette restauration. Le scénario de ce film — porte un double regard, ethnographique et romancé, sur les traditions insulaires accompagnées de quelques allusions à un travail scientifique, par des plans tournés dans les anciennes Archives départementales d’Ajaccio. Il s'agit en effet d'un documentaire promotionnel sur une Corse qui se modernise en matière agricole, minière, ferroviaire, avec la mise en oeuvre de son programme d’Action Régionale. Le documentaire présente en cela des images rares de l’activité industrielle insulaire du début des années 1950, notamment une séquence tournée dans les carrières de l’usine de Canari, principale extraction d'amiante en France et en Europe. Les images montrent les ouvriers en action, ennuagés de poussières d’amiante. Fermée en 1965 en raison de risques environnementaux, l’usine est de source de problématiques sanitaires révélées par des études menées sur les maladies causées par l’exposition à l’amiante comme l'asbestose. Bien que ces images soient de nature proindustrielle, elles apparaissent aujourd'hui, à l’inverse, comme des « pièces à convictions » des conditions de travail à l'Usine, dont les vestiges seront démolis en octobre 2025.
Le documentaire Île de Lumière propose à certains égards, un portrait d'un territoire, d'une société, et s'est présenté à la Cinémathèque de Corse comme une « carte mémoire » de l’histoire de l'ile. L'écriture historique d’un film peut appeler les chercheurs à récolter des témoignages, des souvenirs et des récits intimes. Dans le cadre de cette restauration Paulette Baretti-Rosselli, Nicolas Pagnol, Fabienne Drouet, Claude Tomasi et Yves Agostini ont participé à cet exercice. Leurs mémoires ont été retranscrites sous forme d'’entretiens et publiées dans une monographie. Paulette Baretti-Rosselli a été l'épouse de Francis Baretti, l'assistant réalisateur de Georges Drouet pour le tournage. Son témoignage a permis d’obtenir les traces du premier séjour en Corse de Marcel Pagnol, en 1962, onze ans après le tournage qu'il suivit à distance, par l’intermédiaire de son beau-frère et coproducteur Joseph Martinetti. D'après ses souvenirs, la Corse a marqué Pagnol pour sa richesse en eau, « cet or des montagnes » ; un sujet qui traverse ses préoccupations puisque en 1962 et 1963 il publie les deux tomes de L'Eau des collines (Jean de Florette et Manon des sources), au travers desquels il traite des problématiques de sècheresse en Provence et de manière plus globale dans le sud de la France.
